D’octobre à novembre, les chrysanthèmes font partie intégrante du paysage de La Pierre. À l’entrée du village, tous les Pierrois peuvent les apercevoir. Mais au fait, connaissez-vous bien le chrysanthème ?
Origine du chrysanthème : Le chrysanthème ou, chrysanthemum en latin, est une plante vivace appartenant à la famille des asteraceae. Asiatique et, plus précisément coréenne, elle est aussi appelée dans son pays d’origine, « fleur d’automne ». En chine ou au japon, où elle est très rependue, elle symbolise l’amitié, la famille et la joie.
Histoire : Selon l’ouvrage intitulé : « Notes historiques sur le chrysanthème d’automne », de Auguste Chevalier, paru en 1937 dans « Revue de botanique appliquée et d’agriculture coloniale » le chrysanthème a été importé en France en 1779, et ne s’est véritablement répandu dans nos parcs et jardins qu’entre 1810 et 1830.
Coutume : Si cette fleur devenue célèbre, est aujourd’hui utilisée partout dans le monde comme fleur d’ornement, en France, elle est plus tristement connue comme étant la fleur de la Toussaint, utilisée chaque année pour fleurir les tombes. L’utilisation coutumière des chrysanthèmes dans les cimetières est apparue le 11 novembre 1919, date du premier anniversaire de l’Armistice de la Première Guerre mondiale, lorsque le président de la république « Raymond Poincaré », ordonna de fleurir les tombes de tous les soldats de France tombés au combat. En cette période de l’année, les chrysanthèmes étaient en fleur, et leur résistance aux premières gelées était bien connue. Leur emploi sur les tombes était donc tout trouvé, au point que les français allaient finir par la rebaptiser, la fleur des veuves. Très vite associé à la mort, le chrysanthème est passé de fleur ornementale à fleur de la Toussaint. C’est une exception française, cela se passait 140 ans après leur introduction en France.
Entretien avec Jean-Michel Perrin, producteur de chrysanthèmes à La Pierre
Quels sont les besoins des chrysanthèmes en terme d’eau et de soleil : « Le chrysanthème est une plante vorace aimant la chaleur et nécessitant un arrosage suivi, qui nécessite jusqu’à 1 litre d’eau par jour (en période estivale) lorsqu’elle est cultivée sous serre. »
Comment s’organise la culture du chrysanthème et combien de temps faut-il, depuis la mise en pot des boutures jusqu’à la floraison : « La culture des chrysanthèmes s’étale sur six mois. La première étape a lieu l’hiver durant le mois de février, et consiste à sélectionner sur un catalogue de fournisseur, les variétés et les couleurs parmi les plantes à petites et à grosses fleurs. Sur mon exploitation, une cinquantaine de variétés environ sont sélectionnées chaque année. Cette sélection est délicate et doit prendre en considération les résultats de l’année précédente, mais aussi le fait que, quatre clients sur cinq achèteront des chrysanthèmes à petites fleurs. Très à la mode depuis les années 80, le succès des chrysanthèmes à petites fleurs (dites aussi pomponettes), s’explique par leurs grandes diversités de couleurs, très appréciées par les clients.
Livrés en bandelette de 25 à 30 pièces par variété, le travail se poursuit vers le 15 mai par la mise en pot (dans un mélange de terre, d’argile et d’engrais de fond), de ce qu’on appel à ce stade, les boutures racinées. Constituées seulement d’une tige de trois centimètres avec deux ou trois feuilles et quelques racines, elles sont placées sous serre jusqu’au mois juin, où elles seront rempotées dans leurs pots définitifs.
Vers le 15 juillet, tous les chrysanthèmes à petites fleurs sont placés en extérieur, où ils passeront le reste de l’été arrosés avec une eau enrichie en engrais, tout comme les chrysanthèmes à grosses fleurs, qui resteront quant à eux dans les serres jusqu’à la vente. Le travail se poursuit vers le début septembre, par l’éboutonage des chrysanthèmes à grosses fleurs, qui contrairement aux pomponettes (petites fleurs), ne doivent garder qu’un seul bouton par tige. Le 15 octobre, les chrysanthèmes à petites fleurs sont replacés dans les serres pour enfin démarrer la vente. »
Comment est-ce que l’on passe de l’agriculture traditionnelle à l’Horticulture ? : « Si j’ai toujours souhaité être agriculteur, j’ai vite compris que, n’ayant pas suffisamment de terres à ma disposition, je n’allais pas pouvoir diversifier suffisamment les cultures pour vivre uniquement de cette exploitation. Coincé entre la dépendance des ventes de céréales en coopératives et l’incertitude des prix, la reprise de l’exploitation de mes parents ne pouvait être envisagée sans prendre un travail à côté, ce que je ne souhaitais pas. Ayant fait des études horticoles quelques années plus tôt, j’ai commencé à réfléchir à la possibilité de créer une activité complémentaire dans ce secteur d’activité. Très vite, le choix des chrysanthèmes s’est imposé. Ce type de culture me permet de continuer aisément mes autres activités agricoles. C’est ce complément de revenu qui, aujourd’hui, me donne la possibilité de vivre toute l’année en travaillant les terres transmises par mes parents. »
Comment se sont passés les débuts ? : « J’ai commencé en 1997, sans aucune étude de marché, et sans savoir vraiment comment cela allait se passer. J’avais commandé environ 300 pièces, et lorsque j’ai démarré la vente le 15 octobre, les clients ne se bousculaient pas au portillon. Plus le temps passait, plus je me grattais la tête en me demandant comment cela allait se terminer. Et puis, contre toute attente, arrivé vers le 25, j’avais tous vendu ! Ayant compris que je ne m’étais pas trompé et, qu’il y avait bien un marché à prendre, j’ai doublé les quantités l’année suivante, triplé la troisième année, etc. »
Étant déjà client chez vous depuis quelque années, j’ai pu constater que, par rapport au chrysanthèmes à petite fleurs achetés chez les fleuristes et autres commerçants habituels de la Toussaint, vos fleurs durent plus longtemps. Avez-vous une explication à cela ? : « Les grands producteurs cultivent les chrysanthèmes à grand renfort d’engrais azoté. Une plante qui met normalement six mois pour arriver à floraison, fleurie dans ces conditions en seulement neuf semaines après occultation. Contrairement à moi, ces chrysanthèmes à petites fleurs subissent un forçage trop poussé. Arrivé à la floraison trop rapidement, ces fleurs ont du mal à s’acclimater aux conditions extérieures de notre région et, forcément, elles se dégradent plus vite. »
Le mot de la fin : J’espère que ce document vous aura permis de découvrir la culture des chrysanthèmes un peu mieux qu’on ne peut le faire tous les jours en passant devant les serres avec nos voitures et, plus longuement qu’on le fait au moment de nos achats de la Toussaint. Si vous souhaitez découvrir tout cela de plus près, sachez que Jean-Michel, que je remercie au passage, est tout disposé à accueillir sur place les plus curieux d’entre vous, et que c’est avec plaisir qu’il vous parlera de son exploitation horticole, présente sur La Pierre depuis maintenant 17 ans.
Jean De Palma